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Créée les 24 et 26 Mars 2017
à Plaisance-du-Touch (31)
LE SERVITEUR DE DEUX MAÎTRES
de Carlo Goldoni
Dans une nouvelle traduction de Philippe Gagneret
« Le Serviteur de Deux
Maîtres » est la deuxième pièce de Carlo Goldoni jouée par les
Escholiers.
Les Escholiers avaient déjà monté en 1996 « La Femme Fantasque », pièce
qu’ils avaient créée en
France, puisqu’elle n’avait été, jusqu’alors, jouée qu’à Venise, en
1751, et jamais reprise depuis.
L'intrigue
Pantalon, riche
banquier de Venise, avait promis en
mariage sa fille Clarice à Federigo Rasponi, un Turinois avec qui il
est en affaire, mais qu’il n’a jamais
vu. Lorsqu’’il apprend que ce Federigo a été assassiné, il promet sa
fille à Silvio, le fils de
son regretté ami, feu le Docteur Lombardi.
Au moment de célébrer l’union, surgit Federigo. Surprise de tous. En
fait il ne s’agit point de Federigo, mais de sa sur Béatrice qui est
à la recherche de Florindo
qu’elle aime bien qu’il soit l’assassin présumé de son frère. Déguisée
en homme, elle se fait
passer pour son frère semant la confusion chez Pantalon qui doit rompre
sa promesse faite à
Silvio, ce qui s’avère délicat car le jeune homme a le sang bouillant
et la main toujours
prête à brandir son épée.
Truffaldin, domestique de Béatrice est bien malheureux car son
maître
(ou sa maîtresse), occupé par sa quête, ne songe jamais à déjeuner.
Lorsqu’il rencontre
Florindo, parti lui aussi à la recherche de sa bien aimée Béatrice, il
se fait engager par lui,
pour gagner plus bien sûr, mais aussi et surtout pour avoir une chance
de bien manger.
C’est ainsi que Truffaldin se retrouve valet de deux maîtres, ce qui va
lui rendre la vie bien difficile, et il en recevra plus de coups de
bâton que de victuailles.
Les Thèmes de la pièce
Le Serviteur de
Deux Maîtres » est une pièce typique
de la tradition du théâtre du XVIIIè siècle, les thèmes qu’elle aborde
sont très actuels.
Truffaldin, n’est
pas serviteur de deux maîtres par
passion, mais par nécessité. En effet, c’est parce qu’il n’arrive pas à
manger avec son premier maître, qu’il en prend un deuxième.On peut
considérer
cette pièce comme une parabole de
la situation économique d’aujourd’hui. En effet devant la baisse du
pouvoir d’achat, on demande
à chacun de « travailler plus pour gagner plus. » Ce deuxième travail
nourrit-il
mieux son homme? Pas sûr !
La pièce marque
bien aussi la différence entre les
classes sociales, entre ceux qui peuvent être indifférents à l’argent
car ils en ont et ceux qui ne pensent qu’à cela
car ils n’en ont pas.
Carlo Goldoni est
né en 1707 à Venise dans une famille bourgeoise.
Forcé par son père, il entreprend des études de droit et devient
avocat, mais c’est le théâtre qui le passionne. Il rejoint
la compagnie de son ami Momolo et rédige pour lui d’abord denombreux
canevas.
Très
vite il veut réformer la comédie italienne qu’il trouve vulgaire et
entreprendra d’écrire des pièces avec des dialogues que les
comédiens doivent apprendre par coeur, même s’il leur autorise toujours
des débordements du texte à travers leurs lazzi (improvisations libres.)
Il s’éloignera des purs canevas de comédie et entreprendra une
véritable peinture sociale de sonépoque. Dans des pièces comme Barouf à
Chioggia ou la Trilogie de la
Villégiature il fait preuve d’ungrand talent de portraitiste, à l’égal
d’un Molière.
La référence littéraire de Goldoni est d’ailleurs le théâtre français
et surtout Molière pour lequel il voue une admiration sans borne, à tel
point qu’il lui consacrera une
pièce.
Goldoni produit énormément écrivant jusqu’à 17 pièces par an.
Après être passé dans la troupe de Medebach, il rejoint le théâtre San
Luca fréquenté par les classes aisées. Goldoni ne réussira pas à
s’adapter à un public élitiste, mais
conservateur. Victime de coterie, il s’exile à Paris où la cour lui
fait des offres
intéressantes. Mais son engagement au Théâtre
des Italiens de Paris est une déception pour lui. Goldoni change son
style d’écriture pour se rapprocher des auteurs français tels que
Marivaux. Il écrit des pièces
comme « L’Eventail » où il montre tout son savoir faire pour tricoter
des intrigues complexes.
Mais les comédiens Italiens de Paris sont encore plus imperméables aux
changements que ceux de Venise
et ses pièces sont des échecs.
Alors que dans les années 1780, Goldoni est perçu comme un
révolutionnaire (en matière de théâtre, du moins) et est admiré par les
jeunes auteurs comme Goethe, à
la Révolution, il est perçu comme un homme de l’ancien régime et ses
pensions royales lui sont
retirées. Il finira dans la misère, survivant en donnant des cours
d’Italien, et mourra, seul, à
Paris, en 1793.